Cher monde extérieur,

Ici, l'embryon qui vous parle, ou plutôt, qui marmonne à travers les couches protectrices de l'amour maternel. Je m'apprête à vous rejoindre, avec des rêves plein la tête et un chromosome XX comme compagne de route. Je suis au courant, grâce à cette connexion internet prénatale (merci, technologie!), que demain est la journée internationale des droits de la femme. Alors, je me suis dit, pourquoi ne pas m'informer sur ce qui m'attend dehors, surtout dans mon cher pays, le Maroc?

J'ai entendu dire que le monde était un endroit fabuleux, où les droits des femmes sont respectés, où l'égalité n'est pas juste un mot dans le dictionnaire, mais une réalité. Oh, j'ai hâte de voir ça! De participer à des réunions où mes opinions seront valorisées autant que celles de mes collègues masculins, de gagner un salaire égal pour un travail égal, et pourquoi pas, de devenir la première femme présidente de quelque chose d'important.

Mais attendez, j'ai également appris l'existence de cette fameuse Moudawana au Maroc, la réforme du code de la famille! Une avancée spectaculaire, paraît-il, qui protège les droits des femmes et des enfants, régissant le mariage, le divorce, la tutelle, l'héritage... Ah, quel bonheur de naître dans un pays qui prend à cœur l'égalité des sexes! Mon sarcasme? Purement préventif, vous l'aurez compris.

Néanmoins, entre nous, j'espère secrètement ne pas avoir à user de sarcasme pour faire passer mes messages une fois là-bas. Je rêve d'un monde où mes droits ne seront pas juste une belle parole lors des journées internationales, mais une réalité quotidienne. Un monde où ma naissance ne sera pas accueillie par des "dommage, c'était presque un garçon", mais par des "quelle merveille, une future femme forte et indépendante!"

Alors, cher futur, je m'apprête à te rejoindre avec optimisme, mais permets-moi de te prévenir: je suis déjà bien informée, et je compte bien user de ma voix (une fois que j'aurai dépassé le stade des gazouillis, bien sûr) pour faire valoir mes droits et ceux de mes consœurs. J'espère que tu es prêt pour moi, car je suis prête à te rencontrer, avec toutes les attentes du monde.

Et toi, Maroc, pays des contrastes et de richesses inouïes, j'ai confiance que tu continueras sur la voie du progrès, pour que je puisse, un jour, raconter fièrement comment je suis née dans un pays qui respecte et célèbre ses femmes. J'arrive bientôt, prépare-toi à accueillir une nouvelle citoyenne prête à prendre part à la construction d'un avenir où l'égalité n'est plus un combat, mais une évidence.

Avec tout mon amour encore embryonnaire, mais déjà grandissant pour les causes justes,

L'embryon qui a hâte de vous rejoindre.