Cette femme, sereine et déterminée, joviale et très attachée à ses racines, native de Marrakech en 1964, respire l’architecture et le patrimoine. Sa vie reste profondément marquée par les Riads, ces demeures dans lesquelles elle a vécu jusqu’à l’âge de six ans.
Riche d’un parcours académique très respectable, d’un cursus universitaire satisfaisant, d’une expérience professionnelle accomplie et bien d’autres accomplissements, cette femme, qui se déclare "citoyenne universelle", est fière de sa Marocanité. Une marocanité qui reste profondément incrustée dans son âme, ses gènes.
Après plus de 37 ans de vie en Tunisie, on reconnaît dès les premiers instants son origine marocaine, par sa façon de parler qu’elle ne dissimule pas.
Etablie depuis 1985 à Tunis, en partageant sa vie avec un homme du pays, elle est tombée amoureuse du pays d’accueil dans lequel elle est bien intégrée.
C’est dans son deuxième pays qu’elle a fait ses études universitaires en architecture, à l’Institut Tunisien d’Architecture et d’Urbanisme (ITAU) où elle a glané son diplôme d’architecte, puis un master en restauration du patrimoine à l’institut national du patrimoine de Tunis. Un passage qui lui a été fort utile, lui permettant de piloter au moins deux importants projets de restauration.
Elle a exercé le métier qui lui est cher pendant 20 ans. Dans le secteur privé, elle était derrière la mise en œuvre de nombreux projets, que ce soit en matière de restauration de certains bâtiments et monuments, de projets dans le tourisme ou autres (hôtels à Hammamet et Sousse).
Elle s’est consacrée par la suite à l’enseignement supérieur. De 2009-2016, elle a exercé à l’Ecole Nationale d'Architecture et d'Urbanisme de Tunis (ENAU) de Sidi Bou Saïd, puis à un institut supérieur privé à Sousse (Sahel tunisien).
Ambitieuse, mais elle a horreur pour la stabilité, d’où sa forte mobilité. "J’aime relever les challenges", se plaît-elle à dire. Et chaque fois, elle parvient à donner effectivité à ses ambitions.
Cette enseignante du supérieur a une prédilection pour la recherche scientifique. Après une thèse, elle prépare son doctorat sur le thème "le patrimoine effrité", un travail qui tire sa source de sa ville natale Marrakech, dotée d’un patrimoine architectural d’une très grande diversité et richesse, notamment les Riads.
Pour Fatima Benchbaba, "celui qui a bâti ces demeures, ce bout du ciel, a conféré à ces demeures une symbolique particulière, en offrant à leurs habitants quatre jardins paradisiaques interconnectés".
Selon cette chercheuse, "Tout ce qu’un Riad peut refléter le mieux, c’est un état d’âme de l’Homme.
"Puisqu’il s’agit d’un espace plein de vie, de messages, un espace qui rassemble et où le vide s’articule avec le plein, le patio n’est-il pas l’âme de la maison ?", enchaîne-t-il.
Son jugement pour l’urbanisme moderne est sans concession. Fatima Benchbaba qualifie l’architecture moderne comme "une autre question". Elle soutient que "la colonisation a importé sa mémoire chez nous, aujourd’hui on est perdu entre deux modes d’architecture".
"Les appartements et les villas, tels qu’ils sont construits, ne sont pas faits pour nous", affirme-t-elle.
"Le balcon d’un appartement par exemple, remplit toutes les fonctions, sauf sa véritable fonction. Les Européens ont besoin de voir et d’être vus. Pas nous où on a besoin de voir sans être vus", explique-t-elle.
Elle estime qu’on est en train de creuser la terre pour extraire pétrole et autres minerais épuisables et on a oublié de puiser dans la culture d’en haut, rappelant que les anciens égyptiens l’ont fait avec les pyramides qui sont un reflet de l’invisible sacré en architecture.
Pour cela, Fatima parle de 5ème dimension en architecture, une dimension qui permet une connexion entre les lieux et nos gènes.
Fatima Benchbaba, toujours pleine d’idées, toujours active, est en train de mettre les dernières touches à son premier livre. En attendant, elle ne baisse pas les bras. Elle est présente dans les réflexions et débats sur des thématiques d’intérêt comme l’invisible sacré en architecture, la géométrie du sacré, l’infiniment petit et l’infiniment grand.
Bien plus, aujourd’hui elle s’implique de plus en plus dans de nouveaux combats, challenges. Elle consacre beaucoup de temps pour rendre service et servir de nobles causes. Son dernier cheval de bataille, l’accompagnement des jeunes pour lutter contre le décrochage scolaire qui constitue un véritable fléau dans ce pays maghrébin.
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