Les Marocains se préparent avec enthousiasme à l'Aïd Al Mawlid, une occasion joyeuse de célébrer la vie du Prophète Sidna Mohamed. Chaque région du pays conserve ses propres traditions festives, offrant une diversité culturelle fascinante. Découvrez comment les Marocains marquent cette fête spéciale.

Après les célébrations d'Aïd El Fitr et d'Aïd Al Adha, c'est au tour de l'Aïd Al Mawlid de prendre le devant de la scène au Maroc. Prévue le mardi 10 mars, cette fête religieuse permet à la communauté musulmane de manifester son amour pour le Prophète Sidna Mohamed et de se souvenir de ses actions et de ses paroles (Hadiths).

Dans chaque région du Maroc, des traditions festives uniques sont préservées pour marquer cette occasion spéciale. À Casablanca, les familles se réunissent autour de la table du ftour pour préparer des crêpes marocaines, "msemen," "baghrir," et un pain spécial Aïd pour le petit déjeuner. À midi, c'est au tour du couscous ou du Tajine de viande aux prunes d'être à l'honneur.

À Tanger, les femmes préparent un plat spécial pour l'Aïd du Mawlid, la "caliente," composée de farine, de pois chiches, d'eau, d'huile, de sel et d'œufs, cuit au four après un mélange minutieux des ingrédients.

Outre les délices culinaires, l'Aïd Al Mawlid se traduit par une variété de festivités musicales et culturelles, permettant aux Marocains de se remémorer la vie du Prophète, ses miracles, sa foi, et ses actes illustrant la grandeur de l'Islam. De nombreuses villes organisent des soirées de chant, de poésie, et des activités culturelles et pédagogiques pour marquer cette occasion religieuse.

Les festivités s'étendent sur trois jours, voire une semaine, dans les villes abritant des zaouïas. À Berkane, la Zaouia de Madagh de la Tarika Kadiriya Boutchichia attire des visiteurs venant de différentes régions du Royaume et de l'étranger, dont la France, la Belgique, les États-Unis, le Pakistan, le Yémen, la Jordanie, et l'Égypte, pour célébrer l'Aïd Al Mawlid Annabaoui.

Une grande veillée spirituelle se tient après la prière d'Al Ichaâ, en présence de Cheikh Hamza, au cours de laquelle des érudits et des professeurs animent des causeries rappelant l'importance de la souna du Prophète dans la pratique spirituelle soufie.

À Salé, le Moussem des cierges ou Moussem de Sidi Abdallah Ben Hassoun, organisé depuis quatre siècles par les chorfa Hassouniyine, marie aspects religieux, artistiques, culturels, et bienfaisants. La ville vit au rythme de cette célébration d'une semaine, qui culmine avec la procession des cierges.

Même les Marocains résidant à l'étranger célèbrent l'Aïd Al Mawlid avec des concerts de chants traditionnels et soufis, reliant ainsi le Maroc à l'Europe et au Maghreb.

L'Aïd Al Mawlid est une fête populaire annuelle, une explosion de couleurs, de chants soufis, de transes, de magie musicale, et de rituels profondément ancrés dans l'âme du peuple marocain.

À travers l’histoire

La célébration de l'Aïd Al Mawlid Annabaoui a pris de l'ampleur au fil de l'histoire marocaine. Sous le règne de Mansour Addahbi, le sultan saâdien s'était inspiré de l'ampleur des célébrations de l'empire ottoman après un voyage en Turquie. De retour au Maroc, il avait introduit les pratiques festives associées à cette fête.

Ces transformations coïncidèrent avec une montée du sentiment national marocain et l'émergence d'une culture musulmane influencée par les zaouias, le soufisme, et la culture des chorfas. Cette époque vit l'affirmation des principales caractéristiques de la culture religieuse et spirituelle du Maroc, qui se propagea à travers tout le pays.

La conjonction entre le sentiment national marocain et l'identité religieuse et spirituelle s'illustra clairement lors de la bataille d'Oued El Makhazine à la fin du XVIe siècle, une défense du territoire national contre l'invasion portugaise qui joua un rôle central dans l'institution de l'Aïd Al Mawlid.