Des interrogations étaient déjà apparues lundi après-midi, quelques heures seulement après l'interpellation à son domicile d'un Allemand de 55 ans, dont l'épouse avait appelé les secours pour dénoncer une séquestration et de mauvais traitements, des allégations qui laissaient envisager une affaire potentiellement effroyable.
Une enquête en flagrance avait aussitôt été ouverte pour "séquestration", "actes de torture et barbarie" et "viol aggravé". Mais les constatations matérielles opérées au domicile conjugal et les rapports médicaux ont rapidement permis d'écarter des faits d'une telle gravité.
Les dénonciations de l'épouse "ne sont corroborées par aucune constatation policière", a indiqué le procureur de la République Olivier Glady lors d'une conférence de presse mardi après-midi.
En conséquence, "la garde à vue (de l'homme)", qui a toujours nié les faits, "sera levée en fin d'après-midi ou dans la soirée" et les poursuites abandonnées, a-t-il précisé.
Quelques heures plus tard, le quinquagénaire a quitté le commissariat "entre 20H00 et 21H00", a indiqué dans la soirée Glady à l'AFP.
Selon des vidéastes de l'AFP, il est sorti dans un véhicule de police banalisé, assis à l'arrière, la capuche de son sweat-shirt rabattue sur la tête, pour être raccompagné à son domicile, situé non loin du commissariat.
"Aucune fracture" n'a été décelée par le médecin légiste lors de l'examen de la femme. Seuls "deux bleus" ont été aperçus par le spécialiste, "susceptibles d'être le produit de maladresses ou de mauvais gestes" de la femme.
Il n'y a "aucune blessure en rapport avec les dénonciations" formulées, a encore insisté le procureur.
"Désarroi social"
Le légiste, qui a examiné l'épouse mardi, "n'exclut pas la possibilité qu'elle soit affectée par des pathologies inflammatoires de type rhumatologiques", ce qu'a indiqué aux enquêteurs son mari, actuellement sans emploi depuis plusieurs années après avoir travaillé dans l'industrie outre-Rhin.
Selon lui, son épouse, de nationalités espagnole et allemande, souffre de "rhumatismes de nature auto-immune" qui se seraient aggravés ces derniers mois, engendrant une "invalidité" de l'épouse qui ne pouvait plus se déplacer, rapporte le magistrat.
Ils auraient également causé des "allergies" et un "mécanisme d'alopécie", expliquant l'absence de chevelure de l'épouse, retrouvée "le crâne rasé".
Il ressort de l'audition que le mari s'occupe de sa femme au quotidien. Mais selon les premières constatations, "elle (le) rendait responsable" de son état de santé, ce qui expliquerait son "acrimonie" à son encontre et les accusations.
Le couple, marié depuis 2001, "tourne autour de la situation de maladie de madame", selon le procureur. Une maladie qui n'était pas prise en charge: ils n'étaient pas inscrits à la Caisse primaire d'assurance maladie (Cpam).
L'époux a justifié cette absence de suivi médical par une crainte "du coût engendré", la barrière de la langue, le couple n'étant pas francophone, et des "embarras administratifs".
Après "l'effroi pénal", cette affaire tourne au "désarroi social", a estimé le procureur. Le parquet va se rapprocher du "service social" du conseil départemental pour "favoriser enfin une prise en charge".
Tous deux ont de la famille en Allemagne pour le mari et en Espagne pour l'épouse, mais leurs relations avec leurs proches sont "interrompues", selon Glady.
Démentis
La femme avait été découverte lundi matin par la police, amaigrie et à moitié nue, dans un appartement du centre de Forbach qu'elle occupait avec son mari. Elle avait appelé la veille au soir "une association allemande de protection de victimes qui a appelé la police à Wiesbaden", avait indiqué à l'AFP cette dernière qui a ensuite contacté la police française.
Lundi, de premiers éléments de sources policières laissaient penser à un scenario de séquestration avec violence mais lors d'un point presse, Glady s'était déjà montré très prudent.
Il avait également démenti plusieurs éléments, comme l'existence dans l'appartement d'un banc de torture ou d'un carnet de sévices. Même chose pour la chambre grillagée où elle a été retrouvée: le grillage servait manifestement "à empêcher" la dizaine de chats qui vivaient dans l'appartement du couple de s'échapper.
En poursuivant votre navigation sur notre site internet, vous acceptez que des cookies soient placés sur votre terminal. Ces cookies sont utilisés pour faciliter votre navigation, vous proposer des offres adaptées et permettre l'élaboration de statistiques. Pour obtenir plus d'informations sur les cookies, vous pouvez consulter notre Notice légale
Restez informé. Acceptez-vous de recevoir nos notifications ?