Moins invasive et plus légère que la chirurgie classique, la radiologie interventionnelle a recours à l’imagerie guidée pour insérer à l'intérieur du corps des instruments miniatures à travers des vaisseaux sanguins pour atteindre la zone de traitement de différents organes.
Dans le cas des accidents cérébraux, qu’il s’agisse de l’AVC hémorragique (rupture d'anévrisme) ou de l'AVC ischémique (occlusion de l'artère), la neuroradiologie consiste en l’utilisation de micro-cathéters pour atteindre le site de traitement et placer des dispositifs tels que des coils (petite spire de métal) et des stents (endoprothèses) utilisés pour réparer les dommages. Par contre, la chirurgie classique consiste à se frayer un passage à travers le massif osseux du crâne, ce qui pose des défis importants en raison de la proximité avec des structures neurovasculaires vitales importantes, cette partie étant la région anatomique la plus complexe de l'organisme.
"La neuroradiologie interventionnelle est une technique qui nécessite une grande expertise et une haute technologie pour être réalisée avec succès", a souligné, dans une déclaration à la MAP, le Professeur Abdeljalil El Quessar, responsable de la radiologie interventionnelle à l’hôpital universitaire international Cheikh Zaid à Rabat.
En effet, toutes les études menées à travers le monde ont démontré la supériorité du traitement par neuroradiologie interventionnelle, avec laquelle l’acte devient plus efficace et moins risqué qu'un traitement classique par chirurgie. Cela contribue largement à réduire le temps de récupération et minimise les complications post-opératoires. La radiologie interventionnelle englobe plusieurs spécialités: la neuroradiologie interventionnelle, la radiologie interventionnelle ostéo-articulaire, vasculaire, digestive…
Pour se spécialiser en neuroradiologie interventionnelle, a expliqué le radiologue interventionniste Abdeljalil El Quessar, il faut faire un tronc commun de radiologie générale, se spécialiser en neuroradiologie diagnostique puis en neuroradiologie interventionnelle. C'est un long cursus avec des formations théoriques diplômantes et des stages dans des services spécialisés d'une durée d'au moins deux ans pour devenir interventionniste, a-t-il dit.
La neuroradiologie interventionnelle s’impose donc désormais comme le traitement incontournable des attaques cérébrales. Mais pourquoi au Maroc, la chirurgie lourde ou classique est-elle toujours dominante ? "Malheureusement, le traitement endovasculaire par neuroradiologie interventionnelle reste limité par le coût du matériel utilisé et du geste en lui-même, non ou très peu remboursés par la plupart des organismes", déplore le Professeur El Quessar.
Pourtant, fait-il observer, si dans l'immédiat le coût de la neuroradiologie est supérieur à celui de la chirurgie, ce coût devient moins élevé au bout de quelques semaines si on prend en compte la durée d'hospitalisation, surtout en réanimation, la rééducation et la durée d'arrêt du travail. En effet, le coût des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux représente une part importante dans la facture de prise en charge des patients souffrant d’un anévrisme intracrânien (jusqu’à 90.000 dh).
Cette lourde charge financière a été identifiée comme un obstacle majeur au développement de cette technique. C’est ainsi que le traitement des accidents cérébraux par neuroradiologie interventionnelle n'est malheureusement pas accessible à tous les patients. L'AVC ischémique, qui représente environ 80% des AVC, est une urgence médicale qui doit être pris en charge par le neurologue et le neuroradiologue dans la phase très précoce (six premières heures) pour extraire le caillot de sang responsable de l'interruption de l'irrigation du cerveau.
En ce qui concerne l'AVC hémorragique, il s'agit d'un saignement dans le parenchyme du cerveau ou les espaces qui l'entourent. On parle alors d'hémorragie méningée, qui est une urgence vitale et qui survient dans 80% des cas à la suite de la rupture d'un anévrysme (section dilatée d’une artère), privant le cerveau d’oxygène et provoquant une compression sur les tissus environnants. C'est la plus dangereuse en termes de mortalité et de séquelles.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque année, quelque 15 millions de personnes font un accident vasculaire cérébral, plus de 5 millions d'entre elles meurent et plus de 5 millions souffrent d'une incapacité permanente. Les AVC sont la deuxième cause de décès dans le monde après le cancer, la première cause de handicap acquis chez l'adulte et la deuxième cause de démence après l’Alzheimer. L'hypertension est l’un des grands facteurs de risque.
Sur dix personnes décédées d'un AVC, quatre auraient pu être sauvées si leur tension avait été maîtrisée, précise l'organisation onusienne, citant également la fibrillation atriale (trouble du rythme cardiaque), l'insuffisance cardiaque et le tabagisme comme autres facteurs de risque importants.
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