Même si le mois sacré de Ramadan est bien installé depuis plusieurs jours dans le quotidien des familles marocaines, force est de constater que certains comportements déplorables continuent d'écorner l'ambiance de piété et de spiritualité qui caractérise ce mois de bénédiction, donnant lieu à des changements psychologiques surtout à l'approche de l'heure de la rupture du jeûne.

Dans ce sillage, le chef du service de psychiatrie à l'hôpital Ibn Rochd de Casablanca, Mohamed Agoub, a jeté la lumière, lors d'un entretien à la MAP, sur ces pratiques qui sont aux antipodes des nobles valeurs prônées par ce mois béni pour davantage de sérénité, de paix et d'émulation dans l'accomplissement des bonnes oeuvres.

Avec l'avènement du mois de Ramadan, des comportements inacceptables font leur apparition, tels que des réactions impulsives et des querelles, surtout à l'approche de l'heure de la rupture du jeûne. Quelles sont les raisons de ce changement d'attitude?

Ce que nous remarquons, c'est qu'il y a des cas d’impulsivité, des troubles de comportement, des coups de colère, des tensions et de l'anxiété, surtout pendant la seconde moitié de la journée. Ce problème n'est pas dû au jeûne, mais il est directement lié à la nature des habitudes de ce mois, telles que le manque de sommeil, une alimentation irrégulière et déséquilibrée, ainsi que l'arrêt de la consommation de certaines substances, ce qui se reflète sur l'état psychologique du jeûneur.

Cela est évidement inacceptable car ces comportements n'ont rien à voir avec ce mois sacré. La preuve est que la question n'a rien à voir avec le jeûne puisqu’il y a des personnes qui ont l'habitude de jeûner même hors du mois de Ramadan tout en travaillant sans que cela n'affecte leur état d'esprit.

Selon des études menées par le Centre Universitaire Psychiatrique Ibn Rochd à Casablanca, et publiées dans des revues scientifiques internationales, il a été démontré que le jeûne pratiqué de manière appropriée permet au jeûneur de se concentrer normalement sans aucune émotion excessive, et que son état mental est normal, voire meilleur, comme durant tout autre jour de la semaine.

Comment peut-on gérer cette situation durant le Ramadan pour purifier l'esprit, sans oublier les finalités spirituelles de ce mois béni ?

En psychologie, nous parlons souvent de stimulants, c'est-à-dire comment une personne peut avoir un objectif à atteindre et comment l'aider à surmonter tous les obstacles et problèmes qui se présentent devant elle.

En ce mois si particulier, l'individu doit se concentrer sur le fait que le Ramadan est un mois de culte par excellence, loin de toute tension ou colère, ce qui lui facilite le jeûne et l'aide à avoir la capacité de bien traiter les autres et à éviter de faire face à des personnes énervées avec la même agressivité.

Il faut faire preuve de patience, de calme et de contrôle de soi afin de se rapprocher de Dieu à travers le jeûne, qui se veut l'une des manifestations du culte.

Il ne fait aucun doute que le tabagisme a un lien direct avec ce genre de comportements chez les fumeurs. Est-ce que l'arrêt ou l'abstinence de fumer pourraient être une solution ? Comment y parvenir ?

Le sujet des substances en tout genre pendant le Ramadan est souvent soulevé, car les symptômes de l'irritabilité et de la colère apparaissent dès les premiers jours du sevrage de toute substance de cette catégorie, que ce soit la cigarette, les drogues ou les boissons alcoolisées.

C'est une opportunité en or pour suivre un traitement sous forme d'exercices afin de venir à bout de cette addiction de manière progressive, ce qui permet de réduire les différentes formes de stress et de colère et de se rappeler l'objectif principal de ce mois sacré.

Quid des solutions pour maîtriser son impulsivité et profiter de la spiritualité du mois de Ramadan ?

Parmi les conseils à donner pendant ce mois pour que le jeûne se déroule dans les meilleures conditions sur les plans psychologique et physique, il y a lieu de souligner trois piliers qu'il faut préserver pendant le Ramadan: alimentation, sommeil et exercice physique.

Ainsi, l'alimentation doit être équilibrée et diversifiée, sans excès, en particulier dans les glucides, en veillant à les répartir entre le Ftour et le Shour, qui revêt une importance capitale pour être en forme tout au long de la journée.

Quant au sommeil, il est essentiel de dormir suffisamment, soit quatre à cinq heures avant le Shour, car cette période est très importante en ce sens qu'elle permet la sécrétion d'un ensemble d'hormones en vue d'aider la personne à accomplir le jeûne dans un bon état psychologique et avec une meilleure concentration.

Enfin, il y a l'exercice physique, en particulier la marche. En maintenant ces trois piliers et en gardant à l'esprit la finalité du jeûne qui consiste à se rapprocher de Dieu, cela peut aider à profiter pleinement de l'ambiance spirituelle inégalée de Ramadan.