La vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, a assisté aux funérailles de la victime, où elle a dénoncé "un acte violent" des policiers.
Mme Harris a appelé à cette occasion le Congrès à adopter une loi pour mettre fin aux violences policières.
En effet, cet Afro-Américain n’est pas la première victime des bavures policières, et ne sera sans doute pas la dernière, estiment ONGs et médias tant que les autorités et les élus peinent à s’attaquer aux origines de ce phénomène.
Quelque 1176 personnes ont été tuées par les forces de l'ordre américaines en 2022, ce qui en fait l'année la plus meurtrière pour la violence policière depuis 2013, lorsque les experts ont commencé à collecter les données sur ce phénomène.
Il s’agit de 36 personnes tuées de plus qu'en 2021, selon l'ONG Mapping Police Violence. Ce sombre constat révèle en fait un phénomène récurrent aux Etats-Unis. Les Noirs représentaient 26% des personnes tuées par la police en 2022 alors qu'ils ne constituent que 13% de la population.
"La majorité de ces meurtres ont commencé en réponse à un appel de santé mentale, à un contrôle routier de routine, à une infraction non violente ou à une perturbation ou à une situation où il n'y a pas eu de crime présumé", a souligné Samuel Sinyangwe, fondateur de Mapping Police Violence. "Favoriser des réponses communautaires alternatives à ces types de situations pourrait faire une réelle différence dans la réduction de la violence policière et sauver des vies", a ajouté Sinyangwe.
Les appels à la réforme des services de police se sont multipliés de la part des militants et des manifestants ces dernières années, en particulier à la suite du meurtre en mai 2020 de George Floyd, un homme noir, par un policier blanc. Cette bavure a déclenché de grandes manifestations appelant à la justice raciale, à la responsabilisation de la police et à des réductions du financement et de la taille des forces de police.
Malgré l'attention internationale et certains efforts locaux pour freiner la brutalité policière, il y a eu une intensification des réactions négatives à la réforme de la justice pénale, et le nombre total de meurtres est resté à un niveau alarmant. Les manifestations Black Lives Matter en 2020 sont considérées comme le plus grand mouvement de protestation dans l'histoire des États-Unis. Des manifestations organisées à travers le monde ont également dénoncé la brutalité policière anti-Noire.
Les 50 plus grandes villes des États-Unis ont réduit leurs budgets de police pour l'exercice 2021 de 5,2 % par rapport à l'année précédente dans l'ensemble. Les manifestants sont de nouveau descendus dans la rue le week-end dernier pour dénoncer la brutalité policière après la diffusion de la vidéo montrant l’arrestation brutale par la police de Memphis de Tire Nichols.
Les manifestants ont défilé dans plusieurs villes, notamment à New York, Atlanta, Boston, Baltimore, Los Angeles, San Francisco et Portland, brandissant des pancartes portant le nom de la victimes et appelant à la fin des violences policières
La vidéo montre des agents de police battant à plusieurs reprises le jeune homme noir avec des matraques, le frappant et lui assénant des coups de pied alors même que ses mains étaient retenues derrière son dos.
Il a été laissé au sol, menotté, et 23 longues minutes se sont écoulées avant qu'une civière n'arrive sur les lieux. Hospitalisé, le jeune homme rend l'âme trois jours plus tard. "Tous ces officiers ont manqué à leur serment", a déclaré l'avocat de la famille de Nichols, Ben Crump.
Les cinq officiers de Memphis impliqués dans le passage à tabac – qui sont également noirs – ont été licenciés et accusés de meurtre et d'enlèvement dans la mort de Nichols.
L'unité dont ils faisaient partie a été dissoute et les élus de l'État ont entamé l'examen de projets de loi portant sur la réforme de la police. Pour l'avocat de la famille de la victime, le licenciement et les arrestations rapides des policiers et la diffusion de la vidéo devraient être un “plan directeur” pour la manière dont les allégations de brutalité policière doivent être traitées à l'avenir.
Mais dissoudre l'unité sans donner aux officiers une nouvelle formation reviendrait à "mettre du rouge à lèvres sur un cochon", a déclaré à CNN le président du conseil municipal, Martavius Jones. Les conséquences de l’affaire Tyre Nichols se sont également étendues à d'autres agences impliquées, dont deux employés du service d'incendie également relevés de leurs fonctions, en attendant le résultat d'une enquête interne, outre la suspension de deux adjoints du bureau du shérif.
Deux législateurs démocrates de l'État ont déclaré vouloir soumettre un projet de loi sur la réforme de la police. Les projets de loi visent à aborder les soins de santé mentale pour les agents des forces de l'ordre, l'embauche, la formation, les pratiques disciplinaires et d'autres sujets, a déclaré le député G.A. Hardaway. En ce qui concerne la législation nationale, Crump a appelé le Congrès à adopter la loi dite “George Floyd Justice in Policing Act”, qui a été adoptée par la Chambre des représentants contrôlée par les démocrates en 2021, mais pas par le Sénat.
Ce texte, qui vise à lutter contre les violences policières, propose notamment d’accorder des subventions aux procureurs généraux des États pour "créer un processus indépendant d'enquête sur les fautes ou l'usage excessif de la force" par les forces de police, d’établir un registre fédéral des plaintes pour les mauvaises conduites policières et d’exiger que les policiers fédéraux en uniforme portent des caméras corporelles. Le Congressional Black Caucus a demandé une réunion avec le président Joe Biden cette semaine pour faire avancer les négociations sur la réforme de la police, a indiqué le président de ce comité, Steven Horsford dans un communiqué.
"Nous appelons nos collègues de la Chambre et du Sénat à relancer les négociations maintenant et à travailler avec nous pour combattre la violence policière qui affecte de manière disproportionnée nombre de nos communautés", a-t-il écrit. "Le passage à tabac brutal de Tire Nichols était un meurtre et nous rappelle sombrement que nous avons encore un long chemin à parcourir pour résoudre la violence policière systémique en Amérique," a souligné Horsford.
Faute d’un accord entre démocrates et républicains au sein des deux chambres du Congrès sur l’adoption d’une forte législation visant à combattre les violences policières et en l’absence d’une profonde réforme des services de police, la liste des victimes des abus policiers risque de s’allonger à l’avenir.
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