Préscolaire : 5 questions au DG de la FMPS, Aziz Kaichouh

Préscolaire : 5 questions au DG de la FMPS, Aziz Kaichouh
Source : Map
25/08/2022 12:35

En prévision de la rentrée scolaire 2022/2023, le directeur général de la Fondation marocaine pour la promotion de l'enseignement préscolaire (FMPS), Aziz Kaichouh, revient dans une interview à la MAP sur l'état des lieux de ce secteur et les chantiers initiés ou qui restent à mener dans la perspective de la généralisation du préscolaire.

Dans le cadre de ses engagements, le Maroc a lancé en 2018 un programme de généralisation du préscolaire. Quel état des lieux faites-vous de ce secteur?

Effectivement, depuis la tenue en juillet 2018 de la Journée nationale sur le préscolaire, marquée par une lettre royale qui a tracé la feuille de route du programme national de généralisation et de développement du préscolaire, le Maroc s’est lancé dans la mise en œuvre de ce chantier qui repose sur trois éléments essentiels, à savoir la mise en place d’une nouvelle offre pour accueillir 50% des enfants marocains en âge préscolaire qui n'étaient pas encore préscolarisés à l'époque, la mise à niveau de l'offre existante au niveau pédagogique et en termes de formation, ainsi qu'un troisième pilier axé sur la qualité.

Le programme a très bien démarré et nous sommes aujourd’hui à plus de 70% d’enfants marocains préscolarisés. Nous avons gagné, en l’espace de trois ans, malgré la pandémie du Covid-19, un peu plus de 20% en taux de préscolarisation et nous avons parcouru plus de 30% du chemin vers l'échéance de 2028, grâce à plusieurs initiatives lancées à des rythmes et à des échéances différents.

Fin 2021, le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, dans sa nouvelle architecture, a procédé à une évaluation de l’ensemble du programme et a actualisé la feuille de route nationale sur le préscolaire, sur laquelle nous travaillons aujourd'hui conjointement avec le même ministère et d’autres partenaires.

Le programme de généralisation est sur le bon chemin que ce soit sur le plan quantitatif ou qualitatif. La nouvelle feuille de route a donné un nouveau souffle et la prochaine rentrée scolaire sera pleine de nouveautés pour le bien de nos enfants.

La rentrée scolaire 2022/2023 approche à grands pas. Quels sont les préparatifs menés par la FMPS pour aborder cette échéance ?

En fait, la prochaine rentrée a été préparée depuis décembre dernier suite à plusieurs séances de travail avec le ministère de l'Éducation nationale, du préscolaire et des sports, qui ont abouti à la signature, le 7 avril, d’une convention-cadre entre le ministère et la FMPS, d'une deuxième convention avec le même ministère, le ministère de l’Économie et des Finances et la FMPS et d'une troisième pour la formation des éducateurs et éducatrices avec le ministère de tutelle, le ministère de l’Économie et des Finances, le ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, l’INDH et la FMPS.

Ces trois conventions définissent le nouveau souffle de la feuille de route nationale sur le préscolaire, qui repose sur quatre éléments essentiels. Il s'agit premièrement de confier à la FMPS, au vu de son expérience, de son expertise et de son savoir-faire et des résultats atteints de 2008 à 2021, 70% au minimum du préscolaire public.

Autrement dit, les installations de l’INDH et toute l’offre créée par le ministère de l’Éducation nationale dans les écoles primaires. Deuxièmement, il s'agit de confier à la FMPS la formation des éducateurs et éducatrices à travers son centre de formation "FMPS Takwin". Troisièmement, il est question de mettre en place un dispositif de suivi et d'évaluation des compétences acquises par les enfants, et quatrièmement, l'accent est mis sur le partage du savoir-faire de la FMPS avec les autres associations, principalement locales, qui ont besoin d’être accompagnées et assistés sur plusieurs sujets de gestion, d’encadrement, de formation, de suivi, d’informatisation et de reporting, entre autres.

Cette rentrée scolaire est axée sur ces nouveaux éléments. La première formation a démarré en mai dernier et nous avons préparé 400 formateurs. De même, nous avons lancé les recrutements pour la sélection des éducateurs et éducatrices qui vont travailler à partir de septembre prochain (près de 8.000 éducateurs et éducatrices au niveau national) et qui vont recevoir une formation initiale de 400 heures, étalée sur 11 semaines.

Après la rentrée des classes, chaque éducateur et éducatrice va bénéficier de 550 heures de formation étalées sur l’année scolaire, avec une évaluation qui permettra de savoir si l’éducateur est capable de travailler avec des enfants ou s’il a encore besoin d’être accompagné. Au total, ce sont 950 heures de formation sur une durée de 18 mois.

En prévision de la rentrée scolaire 2022/2023, la FMPS a lancé un nouveau programme de formation au profit des éducateurs en préscolaire. Quelles sont les nouveautés de ce nouveau programme en termes de contenu pédagogique et de ciblage ?

C’est un programme basé sur 10 domaines de formation, allant de la psychologie de l’enfant jusqu’à la gestion de la classe, en passant par la psychomotricité, la détection du handicap, la gestion des enfants handicapés, en plus de modules sur la pré-lecture, la pré-écriture, la pré-mathématique, les jeux éducatifs et les ateliers de fabrication.

Les enfants apprennent en jouant. C’est un travail généralement d’équipe, de 4, 5 à 6 enfants qui travaillent ensemble avec une logique qui peut aller jusqu’à un mois avec des tâches bien précises.

Le travail d'équipe inculque aux petits enfants les valeurs de respect et de patience. Cela est manifeste à travers leurs regards, lorsqu’ils sont contents de faire ensemble quelque chose et c’est magnifique.

Le préscolaire est un secteur en pleine expansion au Maroc. Quels sont les défis auxquels fait face la FMPS ?

Il y a plusieurs défis. Je peux citer deux à titre d’exemple. Le premier concerne le nombre. Nous sommes en train de passer d’une année à l'autre à des nombres assez importants, que ce soit le nombre des enfants ou celui des éducateurs et éducatrices.

En 2018, la Fondation disposait de 500 salles de classe et de près de 2.000 en 2019. Fin 2021, nous étions à près de 12.000 salles de classe et en septembre prochain, nous allons dépasser les 18.000 salles de classe. Ce sont des nombres importants, mais il existe des mécanismes d’anticipation, de programmation, de planification, d’informatisation, de suivi et de contrôle etc.

Pour pouvoir accompagner cette évolution et honorer nos engagements avec le ministère de tutelle, la Fondation investit beaucoup dans le volet de la gestion et de la bonne gouvernance. Nous sommes en train de réviser nos processus et nous sommes en pleine refonte de nos structures provinciales, régionales et centrales.

Le deuxième défi porte sur la qualité. Nous sommes dans le secteur de l’éducation et la qualité n’est pas facilement palpable, notamment dans le domaine de la petite enfance. C'est la raison pour laquelle la réussite d'un système de suivi et d’évaluation est primordial.

Nous avons fait appel à des scientifiques internationaux qui sont en train de nous aider aujourd’hui pour définir comment évaluer la compétence chez un petit enfant de moins de 6 ans, puisqu’il n'y a pas un système de notes comme c'est le cas pour le primaire, le collégial et le secondaire.

Ainsi, nous avons procédé à la mise en place d’une méthode, en phase pilote, avec l’INDH de 2019 à 2021, qui a donné de très bons résultats, que nous sommes en train de généraliser sur l’ensemble des classes gérées par la Fondation.

A votre avis, quelles actions doivent être déployées pour réduire les disparités et assurer un enseignement préscolaire de qualité pour tous les enfants ?

La disparité existe sur deux dimensions. Il y a la disparité géographique entre le rural et l’urbain et puis une deuxième disparité par rapport au profil ou au niveau des éducateurs que nous avons sur le terrain.

Au niveau géographique, l’INDH, en mettant en œuvre un programme de 10.000 unités de préscolaire, ce qui équivaut à près de 250.000 enfants, entre 2019 et 2023, se concentre totalement sur le rural extrême, là où il n'y a pas d’écoles primaires, dans les douars. Ainsi, il y a plus de 6.000 classes qui ont été créées aujourd’hui, alors que les 4.000 restantes seront construites entre cette rentrée scolaire et la prochaine.

Sur le plan des ressources humaines, nous avons entrepris un processus d’encadrement et de formation continu, formel, évaluable et contrôlable avec des méthodes scientifiques d’évaluation de l’éducateur, le but n’étant pas de licencier les ressources humaines mais plutôt de tendre la main à chaque éducateur et éducatrice même s’il a des années d'expériences dans un autre environnement qui n’était pas structuré et organisé ou qui avait d’autres prérequis de formation.

Recherche
Newsletter
Conformément à la loi 09-08, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et d’opposition au traitement de vos données personnelles.
Ce traitement a été autorisé par la CNDP sous le n° D-W-343/2017

*: champ obligatoire

Météo Plus

En bref Voir plus

Les articles les plus lus

Buzz

En poursuivant votre navigation sur notre site internet, vous acceptez que des cookies soient placés sur votre terminal. Ces cookies sont utilisés pour faciliter votre navigation, vous proposer des offres adaptées et permettre l'élaboration de statistiques. Pour obtenir plus d'informations sur les cookies, vous pouvez consulter notre Notice légale

Restez informé. Acceptez-vous de recevoir nos notifications ?