Source : ELLE
02/08/2022 16:30
Alors que l’OMS a déclenché son plus haut niveau d’alerte le 23 juillet, l’épidémie de variole du singe qui sévit depuis mai dernier suscite polémiques et fake news. Un point s’impose.
1. C’EST LE NOUVEAU COVID ?
Post-confinement, les rumeurs fusent : le vaccin anti-Covid aurait engendré cette nouvelle épidémie... Or, « les deux maladies n’ont strictement rien en commun, tranche Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat. La variole du singe est un poxvirus et non pas un coronavirus ». Découverte au Danemark dès 1958, la maladie bénéficie déjà d’un vaccin, celui utilisé contre la variole. Et il est efficace à 85 %.
2. EST-CE UNE MALADIE GRAVE ?
Le 27 juillet, on ne comptait que 5 décès dans le monde, sur 18 000 cas recensés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) cette année. « Les symptômes principaux sont les lésions, notamment sur les zones génitale et anorectale et la région pharyngée. Les rares hospitalisations sont dues à des surinfections », explique Nathan Peiffer-Smadja. Reste que la maladie touche des zones particulière ment douloureuses. La contagiosité, elle, est d’au moins trois semaines. On est loin d’une infection bénigne.
3. ELLE NE TOUCHE QUE LES HOMMES GAY ?
Au 26 juillet, le site Santé publique France recensait 12 personnes de sexe féminin et 2 enfants atteints, sur 1 837 cas dans le pays. Mais « 95 % des cas concernent des HSH, c’est-à-dire des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes », relève Nathan Peiffer-Smadja. Faut-il alors craindre une stigmatisation de la communauté LGBTQ+ ? Pour Eva Vocz, chargée de mission pour Act Up-Paris, « notre crainte, c’est que les plus jeunes malades, dans des contextes homophobes, ne subissent des violences intrafamiliales ».
4. EST-CE UNE INFECTION SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLE ?
« D’après la définition, une IST est une infection transmise par les fluides sexuels. Or la variole se transmet par un contact entre la peau et une lésion : même si les rapports sexuels sont les situations les plus propices, ce n’est pas une IST », explique Nathan Peiffer-Smadja. Il insiste : « Quand on dit IST, on pense préservatif. Or le préservatif ne protège que très peu contre cette maladie. » Qui peut d’ailleurs aussi passer par un objet contaminé ou des gouttelettes, même si cela reste rare. Alors on se protège comment ? L’OMS préconise de réduire le nombre de ses partenaires... « On peut aussi vérifier que l’on ne présente pas de lésion avant tout acte sexuel », complète l’infectiologue.
5. IL N’Y A PAS ASSEZ DE MOYENS ?
Pour l’heure, les places manquent pour la vaccination : « Nous n’avons aucun créneau disponible avant octobre », regrette Nathan Peiffer-Smadja. « Ça rappelle les années 1980, quand la communauté gay était touchée par le sida et quand le gouvernement fermait les yeux », s’insurge Eva Vocz. Alors que le virus circule depuis mai, un premier centre de vaccination dédié n’a ouvert à Paris que fin juillet. Le 27, le ministre de la Santé François Braun a enfin annoncé 42 000 doses du stock stratégique et a autorisé les étudiants en médecine à vacciner. « C’est peu, sachant que les populations à risque représentent 300 000 personnes. La question des doses disponibles reste très opaque », s’inquiète Eva Vocz. Et pour cause. Les autorités classent cette information secret défense, car les souches de variole pourraient être utilisées comme une arme bioterroriste.