Les leçons tirées de la lutte contre les anciens virus n'ont pas été suffisamment prises en compte dans la réponse à la pandémie de la Covid-19, précise dans une interview à M24, la chaîne d’information en continu de la MAP, la marraine de la première promotion des médecins lauréats de l'université Abulcasis.
L'immunologue et professeure spécialisée dans le rétrovirus a déploré l’échec au niveau de la communication sur l'épidémie, de la sensibilisation du grand public et de la consultation de la société civile dans la gestion de la crise liée à la Covid-19.
1-Quelles sont à votre avis les leçons à tirer de la gestion de la pandémie de Covid-19 et les orientations futures de la santé de manière générale ?
Effectivement, je pense qu'on doit tirer les leçons de la crise que nous venons de vivre et que nous vivons encore, parce que la Covid-19 est toujours là, on recommence à voir d'ailleurs une augmentation des cas dans certains pays. Je crois que ça a mis en évidence combien nous n'étions pas bien préparés pour répondre aux grandes épidémies, bien que nous ayons sonné l’alerte. Pourtant des membres de la communauté scientifique et médicale ont depuis 1980 alerté et attiré l’attention sur l'émergence d'une grande épidémie au 20ème siècle.
Nous allons devoir affronter d'autres épidémies dans les années à venir, et ce fut le cas avec le chikungunya, Sras II, Ebola et pour la dengue aussi, nous n'étions pas prêts. On va d'autant plus en avoir d'autres épidémies, surtout avec le réchauffement climatique, les maladies infectieuses qui vont réapparaître. Donc nous devons nous préparer à l'échelle internationale pour une réponse commune aux maladies infectieuses. D'où l'appel en faveur d'un traité international sur les pandémies qui devrait se préparer dans les mois à venir.
Il faut aussi que tout un chacun se prépare à ces pandémies, et pour se préparer il faut prendre en considération les leçons des épidémies précédentes. Quelles sont les leçons qu'on a pas prises ? il y en a plusieurs. Globalement, on doit corriger les erreurs de communication, et du manque de consultation de la société civile.
Entre les erreurs de communication et l'absence de consultation suffisante de la société civile, on est arrivé à des situations de crise plus fortes où le grand public refusait de prendre certaines mesures d'hygiène, de se faire vacciner et de porter le masque.
Ce qui a mieux marché c'est la réponse scientifique. Donc les scientifiques ont fait leur travail et les médecins aussi.
2-En tant que présidente du Conseil scientifique de l'Université internationale Abulcasis des sciences de la santé, quelle est votre vision de l'enseignement dans ce domaine ?
Ce que je vois à l'université Abulcasis, c'est une excellence en termes de formation, car les étudiants qui rentrent passent par un processus de sélection qui fait qu'on sélectionne les meilleurs et les promotions qui sortent disposent d'un niveau de formation excellent, à tel point qu'elles peuvent être acceptées dans les grandes écoles à l'étranger. Ce sont des étudiants et futurs médecins spécialistes de grande qualité en termes de formation médicale.
Je suis époustouflée par la grande qualité des programmes de formation à l'université internationale Abulcasis des sciences de la santé qui forme des spécialités de renommée internationale.
3-Comment l'université Internationale Abulcasis des Sciences de la Santé peut participer à relever le défi de lutte contre les épidémies en termes de formation de médecins et de professionnels de santé, notamment en Afrique ?
L'université doit former de bons médecins, en nombre suffisant pour répondre aux besoins de la population. Vous avez besoin au Maroc, comme partout dans le monde d'ailleurs, de formation de médecins de grande qualité qui devront rester sur place et devenir des médecins de famille pour répondre à la pénurie en termes de soins. La Covid a en effet démontré le manque de ces médecins, d'où l'obligation de travailler pour garder les médecins formés au Maroc.
Cette qualité de l'enseignement est liée au processus de sélection qui doit rester très exigeant, et au partenariat avec d'autres universités, d'autres structures de formation dans le monde.
Pour cela, il faut s'efforcer de forger des partenariats avec d'autres universités en Europe, mais surtout en Afrique, notamment les universités du Sénégal et du Gabon, dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Il faut absolument développer ces partenariats car ce sont les meilleurs étudiants africains qui vont bénéficier de la qualité de formation de l'université Abulcasis.
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