N’ayant jamais cessé de nier son implication dans ce meurtre, Omar Raddad et sa défense ont multiplié les batailles judiciaires en vue d’établir finalement la vérité, dans une affaire qui a connu de nouveaux rebondissements ces derniers mois.
En effet, le 16 décembre dernier la justice française a décidé de rouvrir le dossier, 27 ans après la condamnation de l’ancien jardinier marocain.
Elle a ordonné un complément d'information, première étape vers une éventuelle révision du procès, après que la défense, en s’appuyant sur un rapport révélé par la presse, avait déposé, six mois auparavant une demande de révision du procès, une procédure exceptionnelle en France.
Le rapport établi en 2019 par un expert privé a conclu à la présence d'une trentaine de traces d'un ADN complet masculin n'appartenant pas au jardinier et trouvées dans l'une des fameuses inscriptions faites avec le sang de la victime, qui désignaient Omar Raddad comme le meurtrier.
L'expert Laurent Breniaux, qui a analysé 35 traces d'un des ADN présents dans la fameuse inscription "Omar m'a tuer", favorise, dans son rapport, l'hypothèse d'un dépôt d'empreintes au moment des faits, et non d'une "pollution" ultérieure par les enquêteurs.
En d'autres termes, ces traces génétiques auraient pu être déposées par l'auteur de l'inscription, qui ne serait alors pas Mme Marchal mais potentiellement le véritable meurtrier, selon Me Sylvie Noachovitch, avocate d'Omar Raddad, affirmant que la justice va procéder à l'examen de ces prélèvements et désigner un expert pour vérifier ces travaux avant d’établir un rapport.
“J'en suis sûre. Cela permettra d'avancer sur ce meurtre en écartant définitivement Omar Raddad de l'enquête», a-t-elle déclaré a la presse.
Si la défense de M. Raddad comptait jusqu’ici sur les progrès de la science en matière d’ADN pour établir l’innocence de son client, elle s’appuie désormais sur un nouvel élément révélé dans un livre qui vient de paraître, sous l’intitulé « Ministère de l’Injustice » dont les auteurs ont enquêté dans les coulisses des plus grandes affaires de ces dernières années en France.
L’ouvrage évoque une “piste cachée” qui a dévoilé l’existence d’une enquête menée entre 2002 et 2004 par des gendarmes distincts de ceux qui ont effectué l’enquête initiale et qui aurait probablement innocenté l’ancien jardinier marocain, mais qui ont été mystérieusement interrompues.
Le livre fait état de l’existence d’une piste non exploitée, et aux conséquences potentiellement énormes, rapportent les médias.
Entre 2002 et 2004, une enquête était menée par des gendarmes en lien avec le procureur de Grasse, sur la base du témoignage d'une source (à la fiabilité confirmée) se disant tourmentée de savoir Omar Raddad condamné.
Selon celle-ci, le meurtre de Ghislaine Marchal était en fait le résultat d'un cambriolage ayant mal tourné alors que des procès-verbaux dans cette procédure évoquent clairement une possibilité d'innocenter Omar Raddad.
Deux frères, l'un d'eux détenu dans une autre affaire pour tentative de meurtre, sont même identifiés comme suspects, mais d’après les auteurs du livre, aucune réponse ne fut donnée aux demandes des enquêteurs, et le dossier fut clos étrangement, rapportent les médias de l’hexagone, ajoutant que le livre évoque également des «pressions» notamment d'un général de gendarmerie, pour la clôture de la procédure.
Cette piste s’est ainsi invitée jeudi dans les débats devant la commission qui instruit la requête en révision du procès.
Mais après une heure et demie d'échanges, la commission d'instruction de la cour de révision a décidé de renvoyer au 15 septembre sa décision.
Omar Raddad et son avocate devront ainsi patienter encore quelques mois pour savoir si la Justice innocente l'ancien jardinier, rouvre son procès ou rejette sa demande de révision, tandis que les personnes en charge de l'enquête devraient être entendues sur leur travail de l'époque, ce qui constitue, selon la presse française, "un procédé rarissime".
Dans l’attente de la reprise des débats, Me Noachovitch s’est félicitée d’un "grand avancement".
"Nous sommes gonflés d'espoir. Mais mon client est fatigué et impatient d'être enfin innocenté. Il trouve le temps long", a-t-elle affirmé devant les journalistes.
Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, Omar Raddad avait bénéficié d'une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d'une libération conditionnelle en 1998. Mais cette grâce n'a pas annulé la condamnation et n’a pas innocenté le jardinier marocain.
Sans possibilité de faire appel à l'époque, il avait au total passé plus de sept ans en prison.
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