Ce système robotique révolutionnaire permet d’une part d’évaluer l’épaisseur de la couche superficielle du scorpion pour envoyer des décharges électriques adaptées à chaque espèce de scorpion et, d’autre part, de mettre plusieurs scorpions de la même espèce en même temps dans un convoyeur pour pouvoir extraire un lot de venin de la même espèce, a expliqué Pr Kettani dans un entretien à la MAP et sa chaîne d’information M24.
Selon le Pr. Kettani, directeur de thèse, l’équipe dont il est membre et qui comprend aussi Mouad Mkamel, doctorant, Pr. Omar Tanane, co-directeur de thèse et Pr. Rachid Saile, directeur du laboratoire de Biologie et Santé de la Faculté des Sciences Ben M’Sik relevant de l’université Hassan II, procédait au début à des tests manuels en allant chercher les scorpions un peu partout au Maroc pour extraire la petite gouttelette via des étincelles électriques.
Mais souvent lorsqu’on ne maîtrise pas ce procédé le scorpion meurt comme les abeilles qui, quand elles piquent, elle meurent, raconte-t-il.
Cela, a-t-il ajouté, cause des dommages dans la mesure où il y a des espèces rares qu’il faut aller chercher au fin fond du désert, relevant que ce robot inventé facilitera en premier lieu l’extraction du venin de qualité grâce à son mécanisme qui fournit des décharges électriques appropriées sans risque de décès pour le scorpion.
En second lieu, le robot permet d’extraire le venin de plusieurs scorpions de la même espèce en même temps, a-t-il expliqué. Et c’est ce deuxième volet qui a fait l’objet du brevet délivré par l’'Office marocain de la Propriété industrielle et commerciale (OMPIC).
"On a la capacité de mettre 32 scorpions de la même espèce dans un seul convoyeur pour avoir un lot de venin de la même espèce dans des conditions biologiques qui peuvent être exploitées par l’industrie pharmaceutique et l’industrie cosmétique", a-t-il détaillé, ajoutant que ce processus augmentera la quantité et la qualité du venin.
S’agissant de Mouad Mkamel, doctorant à l’origine de la thèse qui a permis d’aboutir à cette invention, Pr Kettani a rappelé que celui-ci est né dans un milieu où vivent beaucoup de scorpions, et il a appris à les manipuler comme l’on manipule des petites fourmis.
À ce savoir inné s’ajoute une “grande passion”, que Mouad Mkamel a développée au fil des années à l’égard de ces arachnides.
Cette passion l'a poussé à persévérer dans la mesure où après avoir obtenu sa licence (PhD) à la faculté de Ben Msick, a indiqué Pr. Kettani, ajoutant que le jeune étudiant a insisté pour faire un master et un doctorat dans le but d’aller le plus loin possible.
Revenant sur les prérequis de la réussite d’une recherche scientifique, Pr. Kettani a souligné que, outre un laboratoire qui a de la notoriété comme le cas du laboratoire de Biologie et Santé de la Faculté des Sciences Ben M’Sik, il est primordial que le doctorant soit motivé au plus haut degré “ce qui a été le cas avec Mouad Mkamel”.
En ce qui concerne l’objectif à atteindre après cette invention, Pr. Kettani a relevé que l’équipe de chercheurs veut aller le plus loin possible, notant qu’après avoir mis en place ce robot et édité "Un guide des scorpions du Maroc" qui livre une cartographie de cette espèce dans le Royaume, l’équipe veut se positionner sur du venin de qualité, qui a une notoriété internationale et se penche pour développer davantage ce robot (actuellement développé de venom extraction system VES 4 à VES-Pro).
"Depuis que nous avons le brevet, qui atteste de la qualité et du caractère sérieux du travail. Nous avons reçu beaucoup de demandes des industriels à l’international notamment de l’Amérique latine et de l’Europe", a-t-il affirmé.
Ces industriels focalisent sur deux points, à savoir comment passer des commandes de venin après avoir vérifié qu’il est de qualité et comment acquérir ce robot inventé”.
Pr. Kettani reste optimiste d’un avenir “prometteur”. L’université peut être “fière d’être derrière cette invention vu qu’on est dans le transfert de la technologie”, s’est-il félicité.
Souvent on reproche aux laboratoires de réaliser des recherches qui n’atteignent jamais la phase d’industrialisation, a-t-il concédé, soulignant qu’il incombe aux doctorants de faire des inventions qui “peuvent être appliquées après la thèse".
Au niveau national, Pr. Kettani a affirmé vouloir participer, grâce à du venin de bonne qualité, à atténuer l’impact des envenimations par piqûre de scorpion, en contribuant à la production des antidotes de bonne qualité et en aidant le ministère de la Santé à mettre en place de projets au niveau des régions les plus touchées du Maroc.
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