Qualifiés "d’attaques" par certains responsables américains, ces symptômes, désormais appelés "syndrome de La Havane", ont fini par mobiliser plusieurs branches des services de renseignements US, dont la CIA, qui tentent de percer ce mystère digne d’un roman de John le Carré.
Tout commence à La Havane, en 2016. A l’époque, les Etats-Unis et Cuba tentaient un rapprochement frileux sous Barack Obama après plusieurs décennies de tensions entre les deux pays voisins. Ces efforts ont été réduits à néant lorsque plusieurs dizaines de diplomates américains et canadiens ont commencé à se plaindre de maux de têtes, de vertiges, de nausées, d’anxiété, de perte de mémoire et de difficultés cognitives. Certains cas étaient suffisamment graves pour contraindre les malades à abandonner leur carrière.
En 2017, l’ancien président américain Donald Trump a rapidement accusé Cuba de ces attaques. Le patron de la CIA à l’époque, Michael Pompeo, et le secrétaire d’Etat Rex Tillerson, ont ainsi réduit de manière significative la présence des fonctionnaires américains à La Havane.
Toutefois, en 2018, de nouveaux cas ont été signalés parmi le personnel du consulat américain à Canton, en Chine, puis en Pologne, Géorgie, Taiwan et tout récemment, à Vienne.
En décembre 2020, un panel de scientifiques américains a conclu qu’un type d’énergie dirigée était probablement la cause de ce syndrome. Dans une étude publiée par les National Academies of Sciences, les scientifiques ont expliqué que des agents étrangers qui n’ont toujours pas été identifiés ont dirigé une attaque à "radiofréquence" contre les diplomates américains. Selon des informations glanées par les médias américains, les diplomates auraient été ciblés par une arme à rayonnement micro-onde, probablement dans le but de dérober les informations sur leurs ordinateurs et téléphones portables.
Deux mois après l’arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden, de nouveaux cas ont été découverts à Vienne, un important hub diplomatique. Pour les besoins de l’enquête toujours en cours, l’administration Biden a préféré passer l’affaire sous silence, jusqu’au 16 juillet lorsqu’un reportage du New Yorker a brisé le tabou.
La réaction du département d’Etat ne s’est pas faite attendre. "En coordination avec nos partenaires à travers le gouvernement américain, nous enquêtons vigoureusement sur les rapports d'éventuels incidents sanitaires inexpliqués au sein de la communauté de l'ambassade américaine de Vienne ou partout où ils sont signalés", a indiqué un porte-parole de la diplomatie américaine.
Dans les médias, l’affaire attire de plus en plus d’attention, notamment après que certains anciens agents de la CIA se sont plaints du fait que leurs maux n’avaient pas été pris au sérieux sous la précédente administration.
A Langley, siège de la CIA, le patron de la puissante agence de renseignement, William Burns, a décidé de prendre les choses en main, confiant l’enquête sur cette épineuse affaire à un vétéran de l’agence qui avait dirigé la traque d’Oussama Ben Laden une décennie plus tôt.
"Je suis certainement persuadé que ce que nos officiers, certains membres de leur famille, ainsi que d'autres employés du gouvernement américain ont vécu, est réel et sérieux", a déclaré M. Burns à NPR lors de sa première interview depuis qu'il a pris la tête de la CIA il y a trois mois.
"Nous avons triplé le nombre de personnel médical à plein temps à la CIA qui se concentre sur ces questions", a ajouté M. Burns au sujet des efforts déployés pour aider les victimes.
Quant au coupable, les rumeurs vont bon train. Les médias US, dont le New Yorker, ont cité de hauts responsables américains qui soupçonnent le service de renseignement militaire russe, le GRU, de ces "attaques". Des accusations rejetées en bloc par Moscou.
Le Congrès, de son côté, est déterminé à tirer l’affaire au clair. Un projet de loi intitulé "Helping American Victims Afflicted by Neurological Attacks", (HAVANA), a été adopté à l'unanimité par le Sénat le mois dernier. La Chambre devrait lui emboîter le pas prochainement.
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