Cette rencontre interactive est venue mettre en avant la forte présence des films marocains au Festival de Haïfa (du 8 au 17 octobre), marquée par la programmation de sept films tout au long de l'édition de cette année, à savoir «Le bleu du Kaftan» de Maryam Touzani (2022), «Reines» de Yasmine Benkiran (2022), «Aya wal bahr» et «Adam» de Maryam Touzani (2019), «Ya khayl allah» (2013) et «Ali Zawa» de Nabil Ayouch (2000) et «Rock the Casbah» de Laïla Marrakchi (2013).
La réalisatrice Yasmine Benkiran a salué à cet égard la réaction positive du public du festival avec la projection, lundi, de son film "Queens", qui est son premier long métrage en tant que réalisatrice, après avoir réalisé des courts métrages en France.
Elle a ajouté que durant sa courte expérience de terrain, elle a été impressionnée par le professionnalisme et l'efficacité des équipes techniques marocaines dans le domaine cinématographique, notant toutefois que le plus grand problème auquel est confronté le cinéma marocain aujourd'hui est le financement, qui requiert beaucoup d'efforts, et est souvent une pierre d'achoppement devant la production cinématographique.
Abordant à son tour le problème du financement, la réalisatrice Sofia Alaoui a relevé que le seul soutien possible provient du Centre Cinématographique Marocain (CCM), alors qu'il est difficile localement de trouver des financements supplémentaires, et que certains réalisateurs et réalisatrices sont obligés de recourir au financement personnel.
Outre la question du financement, elle a estimé que l'autre problème du cinéma marocain est le manque de confiance dans les compétences marocaines et le recours aux étrangers pour assurer le travail technique.
"C'est pourquoi, j’ai créé ma propre société de production qui m'a permis de réaliser mon court métrage en peu de temps, d'autant plus que tous mes projets de films sont au Maroc, qui est une source d'inspiration pour moi", a-t-elle déclaré.
Pour sa part, la réalisatrice israélienne d'origine marocaine, Hanna Azoulay Haspari, a déclaré que le conte marocain est très important dans le cinéma israélien, en raison des composantes culturelles et du lien avec les racines.
La réalisatrice du film «Orange People», tourné au Maroc en 2013 et dans lequel elle évoque le souvenir de l'émigration de sa famille, une famille qui, dit-elle, est venue en Israël et toutes ses pensées sont restées au Maroc.
Et de poursuivre que "beaucoup d'Israéliens ont des racines marocaines, et cela signifie que nous avons beaucoup d'histoires à raconter", et dans mon prochain film je raconterai l'histoire de juifs venus de l'Atlas et du sud du Maroc en Israël dans les années 50.
La réalisatrice Laïla Marrakchi a parlé, pour sa part, de ses visions artistiques dans le cadre du pluralisme culturel et linguistique, avec son engagement à aborder les questions en toute liberté, notant que le cinéma marocain connaît une évolution à l’instar de la société.
Cette rencontre ouverte avec le public de Haïfa a abordé la question de la langue des films, et pourquoi le français en particulier et non l'arabe ou le darija.
Dans ce contexte, la productrice internationale Khadija Alami a estimé qu'il fallait arrêter de considérer la langue comme un obstacle, expliquant que la langue est difficile pour un réalisateur lorsqu'il est coupé de sa culture et qu'il parle français, par exemple, mais il est important d’insister positivement sur la diversité, le pluralisme et l'ouverture sur le monde.
Elle a noté que ces réalisatrices présentes aujourd'hui représentent l'avenir du cinéma marocain et ont la capacité de s'imposer en tant que créatrices.
Le festival de Haïfa accueille de nombreux invités étrangers de marque, un grand nombre de films du Moyen-Orient, dont l'Iran, l'Égypte et la Tunisie, ainsi que de nombreuses compétitions, dont le meilleur long métrage israélien et le meilleur documentaire israélien, en plus de la compétition carmel des films internationaux.
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