Voici quelques faits indéniables : les exportations de céréales d’Ukraine ont nourri 400 millions de personnes en 2021; la Russie et l’Ukraine représentent 30% des exportations mondiales de blé et aussi l’Ukraine est le 4 ème exportateur mondial de maïs, et fournit 50% du commerce mondial de graines d’huile de tournesol.
C'est ainsi que cette situation de blocage des ports ukrainiens et des sanctions occidentales contre la Russie ont entrainé une hausse des prix des céréales de 34% par rapport à une année normale. Cette augmentation est également due à la flambée des prix des carburants, des pesticides et des engrais. Pour trouver une solution à ce grave problème d’approvisionnement alimentaire, le Président du Sénégal et de l’Union africaine Macky Sall a rendu visite au Président Poutine le vendredi 3 juin 2022 à Sotchi dans le Sud-Ouest de la Russie.
Il y a déclaré à son interlocuteur qu’il devrait tenir compte de l’impact que les pénuries alimentaires, causées par le conflit ukrainien, ont sur le continent africain. Il a ajouté que même si l’Afrique est loin des théâtres d’action, elle est victime sur le plan économique de ce conflit. Il a donc émis le souhait que les approvisionnements alimentaires devraient être en dehors des sanctions de l’Occident contre la Russie.
Vladimir Poutine a voulu être rassurant en indiquant qu’il n’y a pas de problème pour les exportations de céréales d’Ukraine qui pourraient être réalisées, soit via les ports ukrainiens, les ports sous contrôle russe, ou par voie terrestre à partir de l’Europe centrale et orientale. Il a mentionné la possibilité d’exporter via les ports ukrainiens de Marioupol et Berdiansk sous contrôle russe, situés sur la mer d’Azov qui donne accès à la mer Noire.
Les exportations pourraient se faire aussi par Odessa sous contrôle ukrainien, à condition que les eaux de ce port soient déminées par Kiev. Il a ajouté d’autres voies possibles d’exportation par un transport sur le fleuve Danube via la Roumanie, la Hongrie, et la Pologne. Une dernière possibilité serait des exportations via la Biélorussie à travers les ports de la Baltique.
Selon le Président russe, l’export via la Biélorussie sera toutefois conditionné par la levée des sanctions occidentales contre Minsk. Afin de concrétiser la libération des exportations de céréales de l’Ukraine, les Nations Unies mènent d’intenses et discrètes négociations pour empêcher une crise alimentaire mondiale.
Ces négociations sont menées par le Britannique Martin Griffith, secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, et Rebeca Grynspan à la tête de la CNUCED. Les deux responsables font la navette entre Moscou et Kiev pour trouver des solutions à ces négociations très complexes. La libération des ports de la mer Noire est la solution miracle pour éviter les famines mondiales.
C’est dans ce sens que le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov va rencontrer son collègue turc Mevlüt Çavuşoğlu ce 8 juin en Turquie pour discuter de la mise en place de « corridors sécurisés » pour le transport de céréales ukrainiennes.
Pour ce qui est de notre pays le Maroc, Fouzi Lekjaa ministre délégué en charge du Budget a déclaré le 17 février dernier que les prix des céréales à l’international sont passés de 290 dollars la tonne en 2021 à 315 dollars en 2022. L’Etat en conséquence a suspendu les droits de douane sur les importations de blé de février au 15 mai 2021 et de novembre 2021 à avril 2022.
Cette suspension va coûter à l’Etat 550 millions de dirhams. Le ministre a ajouté que la subvention pour la farine qui était de 1,3 milliard de dirhams en année normale, est passée à 3,28 milliards de dirhams en 2021 et s’élèvera à 3,84 milliards de dirhams en 2022.
De son côté, le Crédit Agricole a fait savoir que le problème est la flambée des prix plus que la baisse de l’offre. Le Maroc s’en sort bien pour l’instant, car les sources d’approvisionnement en céréales sont nombreuses : Argentine, Brésil, Canada, Etats-Unis, France, Royaume-Uni.
En conclusion, il y a urgence à libérer les ports de la mer Noire qui est la seule solution efficace pour éviter une famine mondiale. Rappelons-nous que la crise alimentaire 2007-2008 a causé des scènes d’émeutes dans de nombreux pays d’Asie et d’Afrique.
Jawad Kerdoudi, Président de l’IMRI
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