Meurtre de la Londonienne Sarah Everard: un policier condamné à la prison à perpétuité

Meurtre de la Londonienne Sarah Everard: un policier condamné à la prison à perpétuité
Source : AFP
30/09/2021 16:00

L'affaire du meurtre de la Londonienne Sarah Everard le 3 mars 2021avait déclenché tout un tollé au Royaume-Uni sur leur insécurité des femmes. Ce jeudi 30 septembre, l'accusé principal, un policier de 48 ans, a été condamné  à la prison à perpétuité pour le viol et le meurtre de Sarah, la responsable marketing de 33 ans.

La peine infligée au policier Wayne Couzens ne prévoit de possibilité de liberté conditionnelle que pour des motifs humanitaires exceptionnels. Sanction la plus sévère prévue par le système pénal britannique, elle est à l'image de l'effroi provoqué par le sort de la victime, 33 ans: menottée en pleine rue alors qu'elle rentrait à pied d'un dîner chez des amis au prétexte d'une infraction au confinement, son corps avait été retrouvé brûlé dans un bois une semaine plus tard.

En annonçant son verdict à la Cour criminelle de l'Old Bailey à Londres, le juge Adrian Fulford a souligné que le meurtre s'était produit dans des "circonstances particulièrement brutales" et avait touché une victime "totalement irréprochable".

Il a déclaré que l'accusé, un homme marié et père de deux enfants, était parti "chasser une femme seule pour la kidnapper et la violer" et qu'il avait dû se rendre compte qu'il "pourrait avoir besoin de la tuer".

Fausse arrestation

Après avoir assuré aux enquêteurs avoir remis Sarah Everard vivante à trois hommes d'Europe de l'Est, Wayne Couzens avait reconnu sa responsabilité et plaidé coupable de l'enlèvement, du viol et du meurtre de la jeune responsable marketing.

Mercredi, le procureur, Tom Little, a expliqué que M. Couzens avait montré sa carte professionnelle puis menotté la jeune femme, qui rentrait chez elle à pied après avoir quitté le domicile d'amis à Clapham, dans le sud de la capitale.

Après cette "fausse arrestation", il l'avait violée et étranglée à l'aide de sa ceinture. Son corps avait été retrouvé brûlé sept jours après sa disparition dans un bois du Kent (sud-est de l'Angleterre), à quelques mètres d'un terrain appartenant à Wayne Couzens.

Des images de vidéo surveillance avaient permis aux enquêteurs d'identifier et d'arrêter le 9 mars le policier à son domicile de Deal, dans le Kent.

Dans un communiqué, la famille de la victime s'est dite soulagée par la sévérité de la sentence, affirmant que "le monde est plus sûr avec (Couzens) en prison".

"Je suis outrée qu'il ait joué sur le fait d'être un policier pour obtenir ce qu'il voulait", s'est indignée mercredi à l'audience la mère de Sarah, Susan Everard.

"Il n'y a pas de mots qui expriment de manière adéquate l'horreur du meurtre de Sarah", a réagi ce jeudi sur Twitter le Premier ministre Boris Johnson, dénonçant lui aussi une "trahison totale du devoir" de policier.

La police sous pression

Après ce meurtre, des milliers de femmes avaient confié sur les réseaux sociaux leur sentiment d'insécurité, appelant les responsables politiques à agir contre les violences faites aux femmes.

Le gouvernement a depuis annoncé des nouvelles mesures pour lutter contre ces violences, jugées décevantes par les associations alors que les condamnations pour viols ont chuté ces dernières années malgré une hausse des plaintes.

"Je pense que beaucoup de femmes ressentent beaucoup de chagrin et de colère", a dit à l'AFP Roxanne Tiffany, une étudiante de 20 ans qui se trouvait à l'extérieur de la Cour de l'Old Bailey jeudi, tenant une pancarte accusant la police de Londres d'avoir du "sang sur les mains".

Dans un communiqué, la Metropolitan police s'est déclarée "indignée et écoeurée que son agent ait abusé de sa position afin d'attirer Sarah vers la mort".

L'affaire est en effet embarrassante pour la prestigieuse institution, qui avait dispersé un rassemblement d'hommage et qui est surtout accusée d'avoir fermé les yeux sur les antécédents de l'agent.

Ce dernier avait été impliqué dans des incidents d'exhibitionnisme, sur lesquels l'IOPC, la police des polices, enquête pour savoir si la police de Londres avait répondu de manière appropriée.

Plusieurs voix se sont élevées pour demander la démission de sa cheffe Cressida Dick. La ministre de l'Intérieur Priti Patel a cependant affirmé qu'elle "continuerait à travailler" avec elle, tout en estimant que la police avait à répondre à des "questions graves".

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