Le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) vient de dévoiler son dernier rapport annuel, intitulé "Bulletin Thématique" n°57, se penchant sur le thème de la "croissance disruptive". Ce document de référence explore plusieurs axes majeurs qui façonnent actuellement l'économie marocaine.

L'un des principaux domaines d'analyse est le "commerce international dans le contexte d'une crise mondialisée", qui dévoile les impacts multiformes de la situation mondiale sur le Maroc. Malgré les turbulences mondiales, le commerce des marchandises a montré une résilience inattendue, enregistrant une croissance de 2,7% en 2022. Cette croissance s'est reflétée dans la hausse des prix des produits, notamment de l'énergie, des produits agricoles et manufacturés, et dans l'expansion du commerce des services, avec une augmentation de 15% dans l'ensemble des secteurs, y compris le transport et le voyage.

Cependant, le rapport prévoit que la croissance du commerce ralentira à 1,7% en 2023, en raison de la guerre en Ukraine, de l'inflation persistante, d'une politique monétaire plus stricte et de l'incertitude financière. Les risques associés à ces prévisions incluent les tensions géopolitiques croissantes, l'insécurité alimentaire mondiale, les impacts inattendus du resserrement de la politique monétaire, les risques pour la stabilité financière et l'augmentation de la dette.

Le CMC souligne que les effets de ces tendances sur les exportations et l'économie marocaine sont complexes, avec des impacts mitigés. Les tensions sur les marchés mondiaux des produits de base et des produits énergétiques présentent des menaces, tandis que le rebond prévu du marché automobile et la reprise du tourisme sont des facteurs positifs.

En ce qui concerne les flux commerciaux extérieurs, le rapport indique qu'ils ont connu une forte expansion pour la deuxième année consécutive, grâce à la croissance internationale et à la hausse des prix des produits échangés. Cependant, cette expansion a entraîné une forte détérioration de l'équilibre commercial, avec un déficit record de 308,8 milliards de dirhams en 2022, soit une augmentation de 55% par rapport à l'année précédente.

Le rapport se penche également sur le marché du travail au Maroc, soulignant son importance dans la réalisation du bien-être de la population. Il relève plusieurs défis, notamment la faible participation des femmes, le taux de chômage élevé chez les jeunes, la prédominance de l'emploi informel et le besoin de travailleurs qualifiés.

En ce qui concerne le secteur productif, le rapport évoque les défis auxquels il a été confronté en 2022, notamment les conditions climatiques défavorables, les répercussions du conflit en Ukraine et la hausse des prix des matières premières. Malgré ces défis, certaines activités, notamment le secteur du tourisme, ont enregistré des performances positives.

Quant aux perspectives économiques, le CMC estime que la croissance du PIB ne dépassera pas 2,4% en 2023, en raison de la persistance de l'inflation. Le rapport souligne le dilemme auquel est confronté le système financier marocain : comment fournir des liquidités au secteur productif tout en évitant l'inflation ?

Enfin, le climat des affaires est mis en avant comme un élément crucial pour le développement économique, notamment en ce qui concerne l'attrait des investissements, la compétitivité et la croissance économique. Le rapport rappelle le rebond économique impressionnant du Maroc en 2021, mais souligne les défis actuels liés à la situation internationale et nationale.

Le rapport conclut en évoquant les perspectives économiques pour 2024, avec une croissance attendue de 4,7%. Cependant, il souligne que ces perspectives sont sujettes à de nombreux facteurs, tant internes qu'externes, et qu'il faudra surveiller de près l'évolution de la situation économique dans les mois à venir.