Où en êtes-vous dans le processus d'opérationnalisation de la ZLECAf ?
La ZLECAf, Inscrit dans l’Agenda 2063, est le projet le plus emblématique de l’Union Africaine, à travers lequel nous aspirons à réaliser l’intégration économique de l’Afrique et créer un marché unique de 1,3 milliards de consommateurs au produit intérieur brut estimé à 3.500 milliards de dollars américains.
Les Etats africains ont adopté cet Accord en 2018, et aujourd’hui, près de 3 ans après son opérationnalisation et l’installation de son secrétariat général à Accra au Ghana, la ZLECAf a réalisé d’énormes progrès.
Plusieurs protocoles ont été adoptés portant sur la libéralisation du commerce des biens et des services, la concurrence, l’investissement, et sur la propriété intellectuelle. Seuls deux protocoles sont en attente d’adoption, notamment celui de l’économie numérique, et celui des femmes et des jeunes dans le commerce.
En termes de négociations sur les règles d'origine, nous avons beaucoup avancé avec 88,3% des lignes tarifaires adoptées. Aujourd’hui, un opérateur économique marocain voulant exporter son activité dans un autre pays-membre de la ZLECAf est soumis à la même réglementation sur le bien en question.
Il s’agit là d’une avancée remarquable dans le cadre de nos efforts d'harmonisation des différentes politiques locales et de démantèlement des barrières tarifaires.
Notre travail ne se limite pas à la négociation des différents protocoles parce que nous sommes conscients que les spécificités de l'Afrique, de son économie et de son histoire, nous imposent d’être proactifs.
Notre mission est aussi celle d’amener le secteur privé à bénéficier de cet Accord qui offre des dispositifs innovants comme le PAPSS (The Pan-African Payment and Settlement System) qui est une plateforme permettant aux opérateurs de commercer en utilisant les monnaies locales au lieu de passer par une tierce devise.
La ZLECAf a également mis en place, en février dernier, un Fonds d'Ajustement permettant aux Etats de pouvoir faire face aux pertes de revenus douaniers pouvant survenir de la rupture des barrières tarifaires et de la libéralisation des échanges.
En outre, le secrétariat général a lancé l’année dernière l’initiative du commerce guidé de la ZLECAf avec la participation de 8 pays, et qui devront atteindre 29 pays au cours de l’année 2023. Je suis ravie que le Maroc soit partie prenante à cette initiative qui vise à domestiquer et accompagner l’application de l’ensemble des instruments de la ZLECAf.
Quel est le rôle du Maroc au sein de la ZLECAf ?
Le Maroc est naturellement un acteur clé de la ZLECAf au regard de son économie. C’est aussi un pays à prendre pour exemple sur le continent africain en matière de diversification économique, et un acteur incontournable dans plusieurs secteurs d’activité.
Le Maroc est très impliqué au niveau des différentes instances de la ZLECAf notamment au sein de son Conseil des ministres et des réunions des hauts fonctionnaires en charge du Commerce.
La ZLECAf a besoin de l’expérience du Maroc et de l’engagement politique de tous ses Etats membres pour soutenir l'intégration économique de l'Afrique. Nous demandons aussi que le secteur privé puisse s’approprier ce cadre, identifier les opportunités et surtout les saisir. Le secrétariat général de la ZLECAf se tient prêt à accompagner ces entreprises.
Comment le Maroc pourrait-il tirer profit de son adhésion à la ZLECAf ?
Nous avons observé ces dernières années que le Maroc exporte son expertise et ses industries vers le reste de l'Afrique, notamment vers la région subsaharienne du continent, dans les domaines des banques, des assurances, des industries, et des infrastructures.
Nous apprécions l'impact que le Maroc exerce quand il s'agit de partager son expertise et ses expériences avec les pays du continent. C’est une démarche dont nous avons besoin aujourd’hui, surtout dans le contexte international actuel complexe de rupture des chaînes d’approvisionnement.
Il faut que l’Afrique se soustrait de sa dépendance vis à vis de l’Europe et change de paradigme en matière de relations économiques et commerciales. Des pays comme le Maroc, qui ont su s’imposer dans le domaine de l’industrie, de l’automobile, et qui ont développé des chaînes de valeurs dans de nouveaux secteurs, bien évidemment ne peuvent que tirer pleinement parti de la ZLECAf.
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