Le nouveau président colombien, Gustavo Petro, a été officiellement installé comme premier chef d'état issu de la gauche dans ce pays sud-américain où une cérémonie grandiose a été organisée hier dimanche, en présence de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement.

Il succède à Ivan Duque (2018-2022) pour un mandat de quatre ans qu'il entame avec le soutien d'une majorité au Congrès.

Le Maroc était représenté à cette cérémonie d’investiture par l’ambassadeur du Royaume à Bogota, Farida Loudaya.

Le leader de la coalition du Pacte Historique a prêté serment devant des milliers de personnes, ainsi que sa vice-présidente, Francia Márquez. "Je jure devant Dieu et devant le peuple de me conformer fidèlement à la Constitution et aux lois colombiennes", a déclaré Petro devant le président du Congrès, Roy Barreras.

Dans son discours d’investiture, Petro a appelé à ce que "toutes les armes soient déposées (…) pour que la paix soit possible et ainsi mettre fin définitivement à six décennies de violence et de conflit armé".

Il a ajouté que "pour que la paix soit possible en Colombie, nous devons dialoguer pour nous comprendre, chercher des voies communes et mener des changements".

Le nouveau président colombien a plaidé, par ailleurs, pour une convention internationale qui part du principe que la guerre contre la drogue a échoué, prônant "une politique de prévention forte de la consommation" des drogues.

D’autre part, Petro a insisté sur la lutte contre le changement climatique qui "est une réalité". "Et c'est urgent. Ni la gauche ni la droite ne le disent, la science le dit. Nous avons et pouvons trouver un modèle économiquement, socialement et écologiquement durable", a-t-il soutenu.

Le nouveau président a également invité les dirigeants latino-américains à laisser derrière eux leurs différences idéologiques "pour travailler ensemble dans l’unité".

Auparavant, Petro a quitté le ministère colombien des Affaires étrangères en compagnie de sa femme, Verónica Alcocer, suivi de ses fils et de deux de ses petites-filles.

La Garde indigène a accompagné Petro et sa femme jusqu'à la scène où se trouvaient les invités internationaux.

Petro est accompagné dans son investiture par une dizaine de chefs d'Etat, dont le roi Felipe VI d'Espagne. Ont assisté également à la cérémonie les présidents du Chili, Gabriel Boric; Argentine, Alberto Fernández ; Equateur, Guillermo Lasso ; Paraguay, Mario Abdo Benitez ; Bolivie, Luis Arce ; République dominicaine, Luis Abinader ; Panama, Laurentino Cortizo ; Costa Rica, Rodrigo Chaves et Honduras, Xiomara Castro.

Les festivités marquant l’investiture du nouveau président ont commencé vers 10H00 locale (16H00 heure Maroc) en présence de dizaines de milliers de Colombiens qui ont assisté aux shows musicaux et artistiques à Bogota, la capitale.

A travers cette cérémonie, durant laquelle des groupes paramilitaires comme la dissidence des FARC et Clan Del Golfo ont annoncé un cessez-le-feu en signe d’intérêt pour le dialogue promis par la nouvelle administration, les autorités voulaient marquer une nouvelle ère inaugurée avec l’accès du premier leader de la gauche à la présidence de la troisième puissance sud-américaine.

Elle a été aussi l’occasion de diffuser des messages pour regagner la confiance du peuple dans ses politiques, un peuple affligé par le conflit armé interminable, par une économie fragile et des inégalités sociales flagrantes.

Au plan sécuritaire, près de 15.000 membres de la force publique (police et armée) ont été déployés pour sécuriser la capitale Bogotá où plusieurs rues ont été bloquées, un dispositif renforcé par des hélicoptères et des drones de la police qui survolaient les endroits de grande concentration de personnes.

Avec Petro au pouvoir, les Colombiens aspirent à tourner les pages douloureuses du conflit armé et sortir d’une crise sociale et économique qui hypothèque l’avenir du pays.

Les principaux défis auxquels sera confronté le président sexagénaire commencent par une réponse efficace à la situation socio-économique difficile que traverse la Colombie, essoufflée par la pandémie du covid-19, avec un déficit budgétaire élevé, un endettement à 63% du PIB et un déficit de la balance des paiements le plus élevé d'Amérique latine.

Une autre question épineuse que le gouvernement sortant n’a pas pu aborder est celle de la réforme fiscale, que Petro a promis dans son discours d’investiture de soumettre ce lundi au Parlement.

Au plan de la politique étrangère, le leader du Pacte historique a déjà assuré qu’il cherchera à rétablir les relations diplomatiques entre Bogotá et Caracas.

Petro devra néanmoins faire face à partir de ce lundi à la lourde tâche de répondre aux énormes attentes que son élection a suscitées, dans un contexte de crise économique mondiale qui risque de plomber ses initiatives sociales et d'une l’opposition farouche qui pourrait compromettre ses projets au Parlement.