Malgré les inquiétudes concernant les nouveaux variants hautement contagieux du coronavirus et les changements survenus au sein des entreprises américaines depuis le début de la pandémie, les compagnies aériennes s’attendent à rebond des voyages d’affaires une fois la saison estivale terminée. 

Le flou persiste néanmoins. Pariant que les voyageurs d'affaires qui sont restés en grande partie sur place l'année dernière seront de retour cet automne, plusieurs compagnies aériennes sont en train de réviser leurs itinéraires pour comprendre les villes dotées d’un grand nombre de centres d’affaires.

En effet, Delta Air Lines a programmé des vols pour l'automne prochain pour des destinations telles que New York et Boston, tout en réduisant ceux sur de nombreux itinéraires de vacances, populaires au cours de l’été.

"Nous retravaillons notre capacité pour fournir désormais davantage de sièges pour les entreprises", a déclaré au Wall Street Journal le vice-président senior de la planification du réseau chez Delta Airlines, Joe Esposito. Avec la baisse des voyages de vacances à la fin de l'été, les compagnies aériennes dépendent des clients commerciaux lucratifs.

La façon dont cette transition se fera cette année est un test majeur pour le secteur. Bien qu'un rebond complet demeure encore loin, d’après des responsables du secteur, plusieurs compagnies aériennes ont affirmé que les entreprises avaient lentement recommencé à envoyer leurs employés sur la route.

Les voyages d'affaires intérieurs ont ainsi atteint environ 40 % de leurs niveaux de 2019. Selon l’Administration de la sécurité des transports (TSA), le nombre de personnes transitant par les aéroports américains a atteint dimanche un nouveau record à l'ère de la pandémie, avec quelque 2,24 millions de personnes passant par les points de sécurité, soit une baisse d'environ 17% des niveaux de 2019.

Par ailleurs, l’augmentation du nombre des personnes infectées ainsi que la détection de nouveaux variants de la COVID-19 pourraient soudainement mettre fin à la reprise actuelle. Toujours dans le flou compte tenu de la crise sanitaire, Southwest Airlines et Alaska Air Group ont, pour leur part, tenté de freiner la baisse du trafic de vacances en septembre, en attirant les vacanciers avec des billets à des prix très réduits cet automne.

Southwest, qui restaure également certaines routes commerciales, a déclaré que ses offres de tarifs réduits lancées en juin avaient entraîné deux des jours de réservation les plus importants de l'histoire de la compagnie. Ce climat de doute a également créé une incertitude quant au retour des employés aux bureaux.

Des entreprises d’envergure telles qu'Apple et Google ont ainsi décidé de reporter le rappel des employés, au grand dam des dirigeants des compagnies aériennes qui ont longtemps affirmé que le ce retour entraînerait davantage de voyages d’affaires.

La pandémie réduirait définitivement les voyages d'affaires de 20 à 40 %

Le rebond sur lequel ils tablaient pourrait donc être repoussé plus loin dans le futur. "Rien n'est gravé dans le marbre", a déclaré le vice-président de la planification des réseaux et des horaires chez American Airlines, Brian Znotins, ajoutant que "nous devons aller là où se trouve la demande, et pas nécessairement là où nous pensons qu’elle irait."

La pandémie a complètement chamboulé le processus de conception des réseaux aériens. Avant 2020, la prise de décision était largement dictée par les habitudes de voyage qui ne changeaient pas beaucoup d'une année à l’autre. Avec l’effondrement de ce système longtemps basé sur ces tendances historiques, et malgré leur optimisme, les planificateurs des compagnies aériennes baignent dans l'incertitude quant à la prochaine destination de leurs clients.

Par ailleurs, la moitié des entreprises interrogées lors d’une enquête de Deloitte déclarent qu'elles ajustent leurs stratégies de voyage pour être plus durables. Environ 76 % d’entre elles ont affirmé s’orienter davantage vers un format virtuel, 58 % ont indiqué qu'elles feront moins de voyages d'affaires dans l’ensemble, tandis que 55 % ont confié réduire potentiellement les voyages d'affaires internationaux.

Selon la même enquête, les deux tiers des interrogés ont reconnu réduire la fréquence des voyages d'affaires afin d’économiser de l’argent. "Les entreprises envoyaient peut-être huit personnes pour conclure un accord. Maintenant, elles n’en enverront que deux, et le reste se fera via Zoom", a indiqué à Axios Charlie Leocha, président de Travelers United, une organisation de défense des passagers, et coauteur d'une récente analyse du Wall Street Journal prévoyant que la pandémie réduirait définitivement les voyages d'affaires de 20 à 40 %.

Formant environ 10 % de l’ensemble des passagers aériens, les voyageurs d'affaires représentent 55 % à 75 % des revenus, car, généralement, ce sont eux qui dépensent le plus pour les billets de dernière minute ou qui réservent des sièges premium, selon le New York Times.

Un recul permanent des voyages d'affaires pourrait pousser les compagnies aériennes à augmenter les prix ou à réduire les itinéraires, selon Leocha, ce qui affecterait les voyageurs d’agrément, rapporte la publication. Le spectre de la pandémie semble toujours planer sur les voyages d’affaires qui représentent une part importante de l'économie mondiale, avec des milliards de dollars et des millions d'emplois dans les compagnies aériennes, les hôtels et les agences de voyages, dont la survie dépend fortement de leur retour.