Source : SEFIANI Karim
31/01/2024 16:30
Auteur d'un huitième de finale très loin des standards que l'on attendait d'une sélection qui ambitionne de remporter la CAN (Défaite 2-0), la sélection marocaine de football a déçu, beaucoup déçu face à l'Afrique du Sud. Incapables de dominer un adversaire pourtant censé être à la portée, les hommes de Walid Regragui ont tout simplement été dépassés, le sélectionneur aussi d'ailleurs. Décortiquons les nombreux facteurs sous-jacents à cet échec cuisant du Maroc face à l'Afrique du Sud, et dans cette CAN en général.
Hier à San-Pédro, ce qui devait ressembler à une marche gravie par le Maroc pour son accession au titre tant convoité a tourné à la débâcle, et ce n'est pas qu'un simple accident de parcours. La défaite d'hier a mis la lumière sur plusieurs points primordiaux qui ont fait défaut aux Marocains, staff, joueurs et entraîneur compris. Voici les 4 principaux.
Un Regragui tactiquement à la ramasse, certains joueurs aussi
L'opposition entre les Bafana Bafana et les Lions de l'Atlas a plus ressemblé à une partie d'échecs qu'autre chose, et force est de constater que sur le terrain du damier, Walid Regragui s'est complètement raté.
Alors qu'il devait faire des choix forts, au vu de l'absence des cadres Boufal et Ziyech, Regragui a fait dans la continuité, en continuant de faire confiance aux joueurs qui l'ont porté lors du parcours au Mondial qatari, et cela nous a coûté, beaucoup coûté. Que ce soit pour Ezzalzouli toujours aussi brouillon, pour Adli aux fraises, ou pour Amallah, Mazraoui ou encore Saiss complètement dépassés, les titulaires choisis par le sélectionneur national ont tout bonnement été catastrophiques.
On comprend que Regragui n'ait pas voulu délaisser les joueurs qui lui ont donné la gloire d'être demi-finaliste mondial, mais un entraîneur, un bon entraîneur se doit de faire des choix forts quand il le faut, et ce n'est absolument pas ce qu'a fait Regragui.
On l'a vu, le Maroc a changé de visage avec l'entrée de Saibari à gauche, et un Amir Richardson au milieu aurait fait le plus grand bien au milieu, soulageant Amrabat dans son rôle de ratisseur, il pouvait même se permettre d'innover et créer la surprise en mettant un Ouanhi ou un El Khannouss à la place de Ziyech en tant que meneur de jeu excentré. Mais il semblerait qu'à chaque fois que Regragui se doit de faire des choix forts, celui-ci se trompe complètement, comme c'était le cas face à la France lors de la demi-finale perdue avec une défense à 3 inédite.
Aussi, tous les grands entraîneurs savent innover tactiquement quand la situation le permet, et il semble que Regragui ait de réelles lacunes sur cet aspect, lui qui ne semble vouloir lâcher son 4-5-1 pour rien au monde. Au vu des absences, du profil de l'adversaire, et surtout du profil des joueurs à sa disposition, Regragui aurait pu opter pour plusieurs autres dispositifs qui auraient pu causer des problèmes aux Bafana, ou au moins, les déstabiliser.
Ainsi, la bataille tactique a été perdue sur le terrain par Walid, que ce soit avant la rencontre ou pendant.
On ne peut pas gagner en ne jouant que 10 minutes par mi-temps
Durant toute la compétition, la sélection nationale n'a semblé se donner à fond qu'en début de chaque période. Que ce soit durant les 10 premières minutes de la première ou de la deuxième mi-temps, ce sont les seuls moments où la sélection se donne pleinement, gagne les duels, met de l'intensité, et semble réellement vouloir en découdre. Après ces 10 minutes passées, c'est la porte ouverte au relâchement, à l'absence de repli défensif, à la perte des deuxièmes ballons... tout ce qu'une équipe ne doit pas faire pour gagner un match, encore moins un huitième de finale continental.
Cela s'est confirmé encore une fois face à l'Afrique du Sud, où les Lions ont dicté le jeu seulement en début de première et de deuxième. Le fait est qu'après l'ouverture du score des Bafana Bafana, les Lions se sont ressaisis et ont semblé avoir plus de mordant, preuve qu'ils sont capables de fournir les efforts. Pourquoi ne le font-ils pas alors pendant toute l'intégralité de la rencontre puisqu'ils en sont capables ? Inutile de parler d'environnement humide ou d'autres difficultés à jouer en Côte d'Ivoire à ce moment de l'année, c'est soit une consigne du coach, soit un manque d'implication des joueurs, et ce n'est absolument pas normal d'afficher ce genre d'états d'esprit dans une compétition aussi importante.
L'Afrique du Sud n'a pas démérité
Que ce soit l'entraîneur, ou les joueurs, les Sud-Africains ont sorti la copie qu'il fallait pour remporter un huitième de finale, d'autant plus face à un demi-finaliste mondial.
Impliqués, soudés, prêts à faire tous les efforts nécessaires pour l'emporter, les Bafana Bafana ont eu du mordant et l'âme d'un battant, tout en s'appliquant dans la finition. Les Sud-Africains ont eu 5 occasions, cadré 3 tirs, et ont marqué deux buts. C'est ça le réalisme, c'est ça être performant, c'est ça vouloir remporter un huitième de finale d'une CAN.
Un manque criant d'humilité
Bien que la carte de l'humilité ait été sortie depuis le début de cette CAN pour le Maroc, le terrain a montré tout le contraire. Le manque d'humilité de la sélection marocaine s'est traduit sur le terrain.
C'est bien d'être sûr de ses forces, mais à force de nous croire, après notre mondial, plus forts que les autres, ces forces se sont transformées en faiblesses. C'est comme si le Maroc s'était reposé sur ses lauriers, et l'Afrique du Sud, comme la RDC auparavant, en a juste profité. C'est bien d'avoir des joueurs qui évoluent dans les clubs les plus huppés d'Europe, mais s'ils ne font pas l'effort de se donner à 20 000%, ils en deviennent des joueurs de troisième ou quatrième division. La fausse humilité affichée nous a joué des tours, il faudra apprendre à être réaliste, nous n'avons remporté qu'un seul match à élimination directe lors des 20 dernières années dans une CAN, nous aurions dû nous comporter en conséquence.
Le Maroc, son staff, son entraîneur, se sont aussi beaucoup concentrés sur des faits qui sont loin de ce qui se passe sur le pré vert. Polémique face à la RDC, polémiques avec l'Égypte, polémique avec la CAF. Nous semblions aussi plus concernés par nous voir décerner un prix de la paix que le titre tant convoité de champion d'Afrique. Les autres nations, elles, se sont concentrées sur ce qui se passe sur le terrain, et le résultat est sans appel.
Tout n'est pas à jeter, mais certains chosent doivent changer, aux Lions d'agir en conséquence.