Si le premier se manifeste par la privation d’un rituel bien ancré chez le fumeur - la première cigarette de la journée avec café ou thé, et la cigarette d'après repas - la privation physique se traduit par le manque de nicotine dans le corps qui est un stimulant, ce qui provoque l’irritabilité, la nervosité, l’anxiété, l’insomnie, des difficultés de concentration, des trous de mémoire, des maux de tête, une sensation de faim, entre autres.
A cet égard, Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, a souligné que la question de profiter du ramadan pour le sevrage constitue à chaque avènement de ce mois béni "le grand oral des fumeurs", notant qu’entre la volonté et la réalité, le sevrage demeure très difficile et requiert une forte détermination.
Dans un entretien à la MAP, Dr. Hamdi a relevé que pour un fumeur on ne cherche plus un plaisir mais à éviter un déplaisir, à savoir le sevrage tabagique, expliquant que le tabac est une dépendance psychologique (rituel) et physique (la dose de nicotine).
Dans ce sens, l'expert relève que le problème de sevrage se présente à deux niveaux, à savoir les moyens de cohabiter avec les symptômes désagréables de sevrage et de résister sans fumer, et le moyen d'éviter la rechute dans la mesure où les rechutes sont très fréquentes.
Durant le mois de ramadan, les fumeurs arrivent à maitriser leur dépendance pendant 15 ou 16 heures, ce qui constitue une occasion de réfléchir sérieusement à cesser de fumer, a-t-il fait remarquer, notant que, cependant, il y a dans la soirée un effet de compensation. Autrement dit, l’organisme privé tout au long de la journée de la nicotine va chercher à compenser pendant la soirée. Le fumeur jeûneur va multiplier le nombre de cigarettes en peu de temps, et va inhaler de manière plus profonde.
"On augmente la concentration de la nicotine et d’ailleurs c’est ce que cherche le fumeur", a-t-il dit, relevant que cela peut impacter l'organisme surtout les personnes qui souffrent de maladies sous-jacentes.
Selon Dr Hamdi, le phénomène de rechute ne doit pas être une source de démotivation, mais il faut le considérer comme faisant partie du processus de sevrage, notant que d’après les statistiques, 80% des personnes qui prennent l’initiative d’arrêter leur consommation tabagique, recommencent à fumer dans le premier mois qui suit le sevrage, tandis que la majorité des rechutes se faisant dans les 6 premiers mois.
Et d'expliquer qu’à plus long terme, le taux de rechute est de 15 % à 1 an et diminue à 3 % à 3 ans d’abstinence, puis 1,4 % à 7 ans, notant qu’un mois sans tabac multiplie par 5 les chances d’arrêter de fumer définitivement, et qu’après 30 jours d’abstinence, la dépendance est bien moins forte et les symptômes de manque sont moins présents.
Un arrêt brutal assure 25% plus de succès qu'un arrêt progressif, et être accompagné par des professionnels de la santé permet un taux de réussite de 20 à 30%, tandis que le taux de réussite des personnes non accompagnées varie entre 5 et 7%, a poursuivi le chercheur en politiques et systèmes de santé.
Entre la 2ème et la 12ème semaine, la circulation sanguine s’améliore et la fonction pulmonaire augmente, alors qu’entre le 1er et le 9ème mois, la toux et l'essoufflement diminuent, a-t-il fait savoir, relevant qu’arrêter de fumer avant 30 ans permet d’éliminer 100% du risque de développer des maladies cardiovasculaires.
En dépit de la difficulté pour les fumeurs de cesser cette mauvaise habitude, le jeu en vaut la chandelle et le ramadan offre l'opportunité de franchir le pas d'autant plus qu'arrêter de fumer permet de se libérer d'une dépendance, retrouver sa forme physique, son dynamisme, le goût des aliments et le plaisir des sensations olfactives, éviter à son entourage le tabagisme passif et diminuer la fréquence des maladies et les risques des cancers.
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